Retrouver une identité d'artiste

[00:00:05.970] - Laurent

Huit mois d'absence. J'ai l'impression d'avoir abandonné ce podcast. Pire, c'est comme si je m'étais abandonné. Je me suis muré dans mon silence. J'ai gardé trop de pensées en moi, des pensées utiles que j'aurais pu partager. Concevoir des podcasts, ça fait partie de mon hygiène de vie. Même si c'est une lutte interne, j'apprécie la phase d'écriture où les idées prennent vie. Je résous des problèmes, je mets de l'ordre, je crée du sens. Je dénoue mon quotidien. À mes yeux, le bonheur me trouve lorsque je parviens à diluer la tension qui m'habite. D'où vient cette tension ? Elle provient d'une attente coupable. J'attends mieux. Dans ma vie, il [00:01:05.970] y a plusieurs paramètres sur lesquels je n'ai pas d'influence. Par contre, je peux faire le premier pas, renverser le premier domino qui lancera une réaction en chaîne positive. Je possède le pouvoir de créer la vie dont je rêve. Je suis l'artisan de ma vie et je choisis les projets qui me font du bien, qui me stimulent, qui me rendent vivant. Je m'appelle Laurent et je suis le responsable de ce puissant bazar. Actuellement, je me sens vide. Et c'est une bonne chose. Cela signifie que j'ai de l'espace dans ma tête.

[00:01:59.980] - Laurent

J'ai l'esprit relativement peu encombré, peu de distractions, peu d'envie d'acheter du nouveau matériel. J'ai de la place et de l'énergie pour bien démarrer l'année. Même si j'ai l'air inspiré je dois admettre que les dernières semaines ont été contrastées. Il y a les lendemains de fêtes de fin d'année, la pression des bonnes résolutions et en arrière-plan, cette peur de repartir comme avant, sur les mêmes bases, sur les mêmes promesses et de ne pas changer. Les doutes ne servent à pas grand-chose, sinon à se rappeler que nous sommes humains. Par contre, ce qui est vraiment utile est d'agir, quitte à corriger plus tard la trajectoire. Alors bien sûr, c'est le moment de revenir avec un nouvel épisode de ce podcast q [00:03:00.010]ui ne s'appelle plus Puissant Chantier, mais qui n'a pas de nouveau nom. Pas encore. Pas au moment de cet enregistrement. Et mine de rien, cette histoire de nouveau nom m'a freiné et a repoussé mon retour. Comme si je voulais changer de look et revenir avec des habits qui me ressemblent, qui représentent mon nouveau moi. J'ai bien failli donner à ce podcast le nom suivant: Dans la tête d'un podcasteur. C'était pas mal du tout.

[00:03:44.340] - Laurent

Simple, clair et approprié. Le truc, c'est que huit mois de pause non planifiés, c'est une éternité. Ça m'a donné le temps d'évoluer dans ma tête, de gagner un soupçon d'assurance, de retrouver foi en l'avenir. Surtout, je me suis souvenu d'où je viens, de mes premiers amours en tant qu'artiste. J'ai une formation de photographe. Je le dis comme si je devais justifier mon statut. Mais je suis photographe. Je viens de l'image et l'image revient dans ma vie. Presque par hasard, à quelques occasions, j'ai dépoussiéré mon appareil photo. J'ai retrouvé mes réflexes, mes habitudes et par-dessus tout, ce plaisir de saisir un fragment d'histoire, un moment fugitif. J'ai d'abord photographié une fête de mariage, [00:04:46.170] puis il y a eu un anniversaire. Je me suis rappelé que l'humain est fascinant à photographier. La vie est un film. Et finalement, si tu m'écoutes depuis longtemps, tu te rappelles peut-être que dans l'épisode 3 de ce podcast, je racontais comment la musicienne Marian Crole m'avait encouragée à publier mon tout premier épisode. Eh bien c'est une autre musicienne qui, sans le savoir, m'a fourni une nouvelle opportunité de refaire des photos. J'ai récemment assisté à l'un de ses concerts et je lui ai proposé de faire quelques clichés en passant.

[00:05:41.990] - Laurent

C'est une manière de parler car j'ai pris beaucoup d'images, trop d'images. J'ai photographié avec plaisir, mais paradoxalement aussi avec la peur de louper quelque chose, de ne pas capturer l'ambiance du moment. En fait, je craignais d'être mauvais, d'avoir perdu mon coup d'œil de photographe, cette capacité à retranscrire l'intangible. Ce jour-là, je n'ai pas réalisé des images sublimes, mais je suis parvenu à capturer l'essentiel, l'ambiance d'un concert. Les images étaient bonnes, parfois techniquement imparfaites, mais elles étaient justes. Elles m'ont semblé suffisamment réussies pour que je me dise qu'il y a quelque chose à faire. En ce début d'année, c'est la phrase qui me trotte dans la tête. [00:06:44.340] Il y a quelque chose à faire, à creuser, à explorer. Dans la photographie, je reconnais ce potentiel qui me dit que j'ai encore des histoires à raconter en images. En plus, j'ai de nouveaux territoires, de nouvelles perspectives à explorer. Après avoir vu les images de son concert, cette mystérieuse musicienne m'a fait une proposition. Elle m'a demandé si je serais intéressé à enregistrer et surtout à filmer ses concerts. Et je me suis rappelé que dans le passé, je n'étais pas maladroit en vidéo.

[00:07:23.430] - Laurent

Ma dernière vidéo sérieuse date de presque dix ans en arrière. Cela représente une éternité dans un monde où la technologie reste en mouvement et ne se laisse rattraper que par les esprits vifs et curieux. Et moi, j'ai envie de relever ce défi, même si ça doit prendre des mois pour dompter l'image en mouvement. Tout cela pour dire que je ne suis pas qu'un podcaster. Je suis aussi un photographe. Je suis un homme d'images et de visions. J'ai trop souffert d'une humilité mal placée. À présent, je dois le dire: je suis un artiste. Par conséquent, si ce podcast doit effectivement changer de nom, crois-moi, il y aura aussi le mot artiste, car je ne veux pas me sentir à l'étroit dans ce nouveau nom. Je trouve ça aussi excitant que vertigineux. Deux jours [00:08:23.470] plus tard, j'écris la fin de cet épisode et je n'ai toujours pas décidé du nouveau nom. Mais je ne veux pas que cela repousse le retour de ce podcast. Donc, pour une durée indéterminée, c'est toujours Puissant Chantier, une émission écrite et réalisée par Puissant Bazar. Donc, pour l'instant, c'est que moi, Laurent, je te donne rendez-vous dans probablement un mois, peut-être deux, pour la suite de mes aventures dans le monde merveilleux de la création.

[00:08:55.440] - Laurent

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